jeudi 11 février 2010

Le photo-radar: machine à taxer ou solution réelle pour la sécurité routière?

Pour faire diminuer les accidents de la route, certains prônent depuis quelques années une utilisation systématique des photo-radars à la place des campagnes de sensibilisation de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ). L'intention peut paraître louable mais la solution proposée n'est pas vraiment efficace et se transformera rapidement en système de taxation arbitraire. Depuis quelques mois, à titre expérimental, le gouvernement du Québec a fait installer quelques uns de ces photo-radars. Combien ont-ils rapporté jusqu'à date à l'état? Quel impact ont-ils eu sur la conduite automobile? On devrait en savoir plus long bientôt: je vous parie, qu'appuyé par la Table de la sécurité routière, le ministre en conclura à leur utilité et à la nécessité d'en augmenter le nombre.

La réalité c'est que les face-à-face mortels se produisent la plupart du temps sur des routes secondaires à sens inverses, suite à des excès de vitesse et des dépassements effectués par de jeunes conducteurs au jugement affaibli par l'alcool. Pensez-vous que c'est sur ces routes peu passantes qu'on irait installer ces photo-radars? Non, pas assez payant! Je suis persuadé qu'étant donné l'appétit de nos gouvernements, on les retrouvera éventuellement sur les autoroutes comme la 40 ou sur les voies de service qui y mènent.

Regardez la campagne actuelle menée par l'escouade des contraventions de la ville de Montréal: on installe la plupart des trappes à tickets non pas à des endroits où la vie des piétons est menacée mais sur les voies de service à sens unique des autoroutes. Là où les voitures sont nombreuses et où le flot naturel des véhicules amène tout le monde à dépasser des limites exagérément basses, là où il n'y a pas le moindre danger pour les piétons, parce qu'ils n'y sont pas! Quand avez-vous vu un accident mortel sur une voie de service à sens unique? Moi je ne me souviens pas d'en avoir vu. Pourtant, l'escouade des contraventions y installe régulièrement des trappes très lucratives.

Imaginez avec les photo-radars! Même plus besoin de jouer à la cachette avec les automobilistes: vous installez la machine à tickets, clic, clic, souriez et hop le tour est joué. Moi, recevoir par la poste une contravention juteuse pour quelque chose qui se serait produit il y a deux semaines, sans même que je ne m'en aperçoive, sans que j'aie la moindre chance de me défendre du crime qu'on m'accuserait rétroactivement d'avoir commis: je considère ça comme étant un hold-up et un abus flagrant de droit. C'est du Big Brother à son pire. Ma plus grande crainte: mettre une pareille machine à taxer dans les mains de l'administration de la ville de Montréal, on en retrouverait vite partout, la lentille ne dérougirait jamais.

Le cerveau brûlé qui le vendredi soir, avec une couple de verres dans le nez, décide d'impressionner ses copains en pesant sur la pédale, ne se laissera pas arrêter par la possibilité qu'un photo-radar l'observe quelque part. Tant qu'aux comparaisons des bilans routiers de la France où sévit cet appareil et du Québec, elles sont totalement farfelues: la conduite sur nos routes glacées et mal entretenues ne peut être comparée à ce que l'on retrouve en France. Il faut plutôt mettre la priorité sur les campagnes de sensibilisation, auprès des jeunes en particulier, et qu'on interdise les publicités automobiles où l'on voit des véhicules rouler à des vitesses excessives, comme si ce comportement était permis par la loi.

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