dimanche 31 janvier 2010

La première cause des difficultés de la ville de Montréal

Le problème de fond qui explique pourquoi la ville de Montréal végète au lieu de se développer est lié à la rémunération anormalement élevée des employés municipaux. Ce fardeau financier enlève à la ville la marge de manoeuvre qui lui permettrait d'investir dans des projets majeurs, dans l'amélioration des services aux citoyens ou de simplement réduire la taxation au lieu de l'augmenter comme elle l'a encore fait récemment. À la place, la ville cherche constamment à trouver de nouveaux moyens de taxation (contraventions, parcomètres, permis...) pour compenser son manque à gagner. Résultat: depuis trente ans, les citoyens fuient vers les banlieues où ils en ont nettement plus pour leur argent.

La situation actuelle est aberrante: parce que la ville n'a pas un rapport de force favorable (aucun pouvoir législatif pour imposer le respect de son cadre financier), les négociations tournent toujours en faveur de la partie syndicale et ça, c'est malsain et désastreux pour les finances de la ville. Ce n'est pas normal que les employés municipaux aient des conditions de travail exceptionnelles alors que la ville croule sous le poids du coût des travaux à effectuer et des services à rendre.

Les employés du secteur public (qu'ils soient municipaux, provinciaux ou fédéraux) devraient avoir une rémunération équivalente à celle des employés du privé, puisque ce sont ces derniers par leurs impôts qui assument la majeure partie du coût de ces services. Les employés du gouvernement provincial ont une rémunération équivalente à celle du secteur privé. Par contre, les employés des municipalités, comme ceux de la ville de Montréal, ont une rémunération globale (salaire, congés, fonds de pension, assurance-maladie, etc) de 33% supérieure à celle du privé et des employés du gouvernement du Québec (voir les chiffres de l'Institut de la Statistique du Québec).

La rémunération globale d'un employé municipal coûte 33% de plus au contribuable que celle d'un fonctionnaire provincial pour un poste équivalent! Il y a quelque chose d'aberrant dans un tel écart, ne pensez-vous pas? Ne serait-il pas temps qu'une loi spéciale impose un rééquilibrage qui permettrait d'oxygéner les municipalités qui ne cessent de se lamenter que leurs revenus sont insuffisants?

Je n'ai rien contre les syndicats, la plupart font un travail remarquable et essentiel, le mouvement syndical a joué un rôle fondamental dans l'avancement des droits de la personne, de la dignité humaine et des conditions de travail dont nous bénéficions. Mais un syndicat qui a la vie trop facile finit par devenir un organisme corporatif qui n'a plus comme objectif que d'extirper le maximum pour ses membres, peu importe les moyens utilisés, et même si c'est aux dépens du contribuable qui paye en bout de ligne. Et puis ce type de syndicalisme se tire dans le pied: c'est lui qui engendre de la sympathie dans la population pour la sous-traitance et les regrettables PPP.

samedi 30 janvier 2010

L'université McGill forme une majorité de médecins qui ne pratiqueront jamais au Québec!

Je viens de prendre connaissance d’un texte rédigé par Frédéric Lacroix et Patrick Sabourin, deux chercheurs qui se sont penchés sur le sur-financement des universités anglophones au Québec. La minorité anglophone représente 7,9% de la population québécoise, les francophones 82% et les allophones 10,1%. Pourtant, les universités anglophones québécoises recoivent près du quart du financement accordé par le gouvernement du Québec aux universités! Par l’intermédiaire de la Canadian Fondation for Innovation, le gouvernement fédéral accorde aux universités anglophones 33% du budget alloué aux universités québécoises, quatre fois leur poids démographique!

Les universités anglophones du Québec (McGill, Concordia et Bishop's) accueillent un volume important d’étudiants provenant d’autres provinces et qui y retournent après leurs études. Notre réseau universitaire anglophone forme donc un nombre important de professionnels, d’administrateurs et de scientifiques qui ne travailleront jamais au Québec et qui n'y paieront jamais d'impôts. Ces étudiants paient des frais d’inscription plus élevés que les résidents québécois mais chacun coûte tout de même 7,000$ par année aux contribuables québécois. Un cadeau du Québec à des provinces plus riches comme l’Ontario, l’Alberta ou la Colombie Britanique!

Les deux chercheurs soulignent que la situation est carrément inacceptable en médecine : il existe une disproportion importante entre les places réservées aux étudiants en médecine de l’université McGill (25% du total québécois) et le nombre de médecins que cette université forme qui pratiqueront effectivement au Québec (10% du total québécois). La majorité des diplômés en médecine de McGill, une fois leurs études terminées, s’en vont pratiquer dans une autre province canadienne ou dans un autre pays! Les deux auteurs insistent: "La perte financière pour le Québec est énorme : les frais de formation d'un médecin sont de 125 000 à 150 000 dollars pour un généraliste". L’université de Montréal, avec la même part de financement que McGill (25%), forme 40% des médecins qui pratiqueront au Québec. Quatre fois plus avec le même budget! Combien de temps encore, allons-nous accepter que nos impôts servent à former des médecins qui s’en vont à l’extérieur du Québec une fois leurs études terminées, alors qu’il y a pénurie de médecins ici?

Qu'en pensez-vous?