mercredi 10 février 2010

Dix cents de plus le litre d'essence pour financer l'incurie municipale!

Les municipalités québécoises manquent de revenus pour financer des services essentiels comme le transport en commun ou la réfection des infrastructures. Rien de surprenant là-dedans, depuis cinquante ans elles voient la masse salariale de leurs employés se gonfler de convention collective en convention collective. Confrontées à de puissants syndicats, tel celui des cols bleus de la ville de Montréal, et ne possédant aucun moyen législatif pour imposer leur cadre financier à leurs employés, les villes cèdent de fois en fois, creusant l'écart entre la rémunération globale de leurs employés et celle des employés du gouvernement du Québec ou du secteur privé.

Selon les données compilées par l'Institut de la Statistique du Québec (ISQ), la rémunération globale (salaires, fonds de pension, assurance-santé, congés...) d'un employé d'une grande municipalité comme Montréal, serait de 33% supérieure à celle d'un employé du gouvernement du Québec pour un poste équivalent. La ville de Montréal croule, entre autres, sous le poids de ses contributions aux fonds de pension de ses employés qui sont d'une très grande générosité.

Conséquence de ce rapport de force inégal: les municipalités ont toutes les misères du monde à joindre les deux bouts. Récemment, Montréal et Longueuil ont augmenté de 5% la taxe des propriétaires résidentiels. Les édifices commerciaux et les stationnements ont également subit d'importantes hausses de leur niveau de taxation à Montréal. Mais ce n'est pas assez pour ramener l'équilibre budgétaire entre revenus et dépenses. Les villes cherchent mille et une façons de renflouer leurs coffres pour survivre à cinquante ans d'incurie: on augmente les parcomètres, la taxe de bienvenue, les contraventions des automobilistes... Mais ce n'est jamais assez. Que faire?

Et bien nos maires au lieu d'être courageux et de demander à Québec une loi spéciale qui forcerait un gel de la rémunération de leurs employés pour quelques années, ont trouvé une solution de poltrons: ils demandent une contribution automatique au financement des municipalités via chaque litre d'essence vendu. Contribution de deux sous d'abord, puis on l'augmenterait progressivement pour atteindre jusqu'à dix sous du litre.

Une solution de poltrons parce qu'elle est sournoise et déguisée: on ne vous envoie pas un relevé de taxes supplémentaires à payer d'un coup, on vous siphonne en douce à chaque fois que vous passez à la pompe et ce, progressivement, pour mieux vous endormir. C'est vrai que demander à la place une loi spéciale à Québec pour rétablir un certain équilibre entre la rémunération de vos employés et la capacité de payer des contribuables, aurait exigé du courage politique: denrée rare de nos jours.

À lire dans La Presse: Les maires demandent une hausse de la taxe sur l'essence

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