mardi 2 février 2010

Financement des universités: comment sauver 80 millions annuellement

La débâcle financière qui a affligé l’UQAM au cours des dernières années, devrait amener les universités à remettre en question certaines de leurs pratiques. Les universités se plaignent constamment de manquer de ressources financières et pourtant elles continuent d’entretenir des départements qui sont de véritables fabriques à chômeurs.

L’enquête annuelle du Ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports (MELS), menée auprès des nouveaux diplômés, fournit depuis des années des statistiques troublantes sur les taux de placement, et surtout, sur le faible rapport entre les emplois obtenus et la formation suivie dans plusieurs programmes des sciences humaines. Cinq programmes génèrent des résultats particulièrement désastreux, à cause du surnombre de diplômés par rapport aux besoins du marché du travail : Anthropologie, Histoire, Sciences politiques, Sociologie et Philosophie.

La dernière enquête du MELS nous apprend ainsi que pour la plus récente cohorte de bacheliers dans ces cinq programmes, bien que le taux de chômage de ceux qui avaient tenté de s'intégrer au marché du travail n'était que de 9% un an après la fin de leur baccalauréat, seulement 29,7% de ceux qui travaillaient, occupaient un emploi relié à leur domaine d'étude. À titre comparatif, les bacheliers dans les différents programmes des sciences de la santé atteignaient un taux supérieur à 98% pour cette variable qui permet de vraiment mesurer l'utilité d'un programme, en terme d'emplois pertinents obtenus.

Autrement dit : seulement 507 des diplômés occupaient un emploi relié à leur domaine d'études (27%). Constat désastreux: 1369 nouveaux diplômés sur 1876 dans ces programmes s’étaient rendus à ce niveau avancé d’études absolument pour rien (73%). Ces derniers étaient soit en chômage, soit travaillaient dans un emploi qui n’avait rien à voir avec leur domaine d’étude (commerces de détails, restauration, centre d’appels…).

Selon mes calculs, les coûts pour l’État associés à une année de formation universitaire d’un étudiant en sciences humaines sont au minimum de $20,000. Il en a coûté ainsi plus de $60,000 d’argent public pour former chacun des bacheliers issus de ces cinq programmes, bacheliers dont le marché du travail n’avait pas besoin pour 1369 sur 1876 d'entre eux..

Si l’on contingentait de tels programmes, en fonction des besoins réels des employeurs, 30% du nombre actuel d'admissions serait suffisant: on économiserait ainsi près de 80 millions de dollars par année. Ces chiffres n’incluent pas les étudiants de ces programmes qui poursuivent au niveau de la maîtrise ou du doctorat (plus de la moitié de ceux qui obtiennent un baccalauréat) et qui ajoutent ainsi à la facture que les contribuables auront à payer pour leur formation.

Est-ce qu’une entreprise privée continuerait à produire, année après année, une quantité équivalente à près de quatre fois la demande du marché? Le coût financier d’une telle pratique est carrément inacceptable, mais il y a pire, pour plus de sept individus sur dix qui s’aventurent dans ces départements, c’est une partie de leur vie qu’ils s’apprêtent ainsi à gaspiller inutilement.

Qu'en pensez-vous?

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